La culpabilité est un des obstacles les plus importants à une vie harmonieuse et libre de conflit. Interrogeons-nous sur la source de ce sentiment.

Il vient généralement de regrets concernant une action passée.Ce regret est intimement lié à l'idée que les choses auraient pu se passer différemment.

Or, voyons clairement cette question. Les choses pouvaient-elles vraiment se passer différemment ?

Pour cela, il aurait fallu que nous soyons différents de ce que nous sommes, que la manière dont nous avons vu la situation et la réaction qui s'est faite auraient pu être différentes de ce qu'elles ont été.

Est-ce possible ? Les choses peuvent-elles être différentes de ce qu'elles sont ?

Inversons la perspective !

Acceptons totalement ce qui est ressenti dans l'instant, y compris la colère qui émerge ou la réaction extrême. Accepter ne signifie pas être complice, mais considérer avec humilité l'émotion qui émerge.

Y-a-t-il encore place pour un regret ? Pouvons-nous changer la survenue de l'émotion ? Chercher à la contrôler, à la refouler, est-ce utile, est-ce possible ?

En acceptant profondément ce qui est, la question du regret ne se pose plus. Et la question du regret du passé ne se pose pas non plus.

La culpabilité apparaît ainsi en rapport avec une non-acceptation, un refus.

Le voir c'est déjà entr’apercevoir le remède.

Le remède ne peut partir de la volonté de contrôler, mais de la volonté de voir, le désir d'être habité par une vision claire, de quitter la confusion douloureuse.

C'est de la clarté que jaillit l'harmonie.

Pour continuer notre exploration concernant la culpabilité, nous devons interroger notre habitude de contrôler. Cette habitude est souvent bien enracinée, puisque tous les changements imprévus créent un sentiment d'insécurité.

Cela veut donc dire qu'une recherche de sécurité est présente.

Or nous savons bien qu'une sécurité matérielle ne peut pas être trouvée, puisque les biens matériels sont périssables, et qu'une sécurité affective ne peut pas être trouvée, puisque les relations affectives sont périssables, et qu'une sécurité concernant la santé physique ne peut pas être trouvée, puisque le corps est périssable.

Il y a donc un automatisme de quête de sécurité qui trouve sa source dans le fonctionnement même de la personnalité.

La personnalité part de la croyance que "je" existe, et partant de là, "je" dois tout faire pour assurer "mon" intégrité.Ce "je" est en général assimilé au corps, puisque "je suis persuadé être ce que je vois", à savoir le corps, le mental et les émotions.

Cette quête de sécurité est donc rattachée à la notion d'identité.

Si je suis ce corps-mental, il est nécessaire d'éloigner tout ce qui risque de le remettre en cause.A l'inverse, si je ne suis pas ce corps-mental, inutile de dépenser de l'énergie dans une défense qui ne "me" concerne pas.

Est-il possible de vivre sans sécurité, ou bien est-il possible de trouver une sécurité qui ne soit plus dépendante des circonstances ? Voilà le cœur de la recherche du Graal, de l'immuable et de l'éternel.

Celui que n'est plus prisonnier du "contrôleur", de cette tendance de la personnalité à vouloir fixer ce qui change, accepte naturellement les événements tels qu'ils sont. Il vit dans la conscience de ne pas être l'auteur de l'action, mais d'en être le connaisseur. L'action obéit à ses propres lois. Son harmonie dépend de la qualité de transparence de l'intériorité. Non propriétaire de l'action, libre de celui qui agit, la notion de culpabilité n'a plus de consistance. Celui qui est coupable n'a pas plus d'existence que celui qui est méritant. Tous deux sont l'expression de la même conscience impersonnelle.

 (Texte de Jean-Marc Mantel)