• Etre ou paraître

    Mon père a refusé de s'alimenter pour mourir, tellement Ses pensées sur le monde, Sa famille, SA vie, lui faisaient mal. Il est mort à 87 ans, en deux mois de temps...

    Son suicide a provoqué de nombreuses questions chez moi, et  un désir d'éveil  encore plus puissant, plus urgent. En même temps, je sais que le personnage que je crois être, ne peut rien faire. Bref, étant dans une impasse, j'ai senti d'écrire à Caroline Blanco. Voici notre échange, qui peut-être pourra t'aider:

    Question:

     

    Bonjour Caroline, Suite à ton texte « sans la responsabilité, quel est le sens de la vie », je viens de « travailler » sur cette question : quel est le sens de la vie pour « moi » : la quête de l’éveil qu’est-ce que cette quête de l’éveil m’apporte Beaucoup de réponses sont venus pour me sécuriser, m’encourager, etc… C’est la « cata », sans cette quête ma vie n’aurait plus aucun moteur, aucun but, le vide total du coup il y a cette peur du vide qui a ressurgit comme elle le fait depuis plusieurs mois déjà. A chaque fois, c’est tellement puissant, que je me débrouille pour vite trouver une autre occupation !!

    J’ai beau avoir ressentie de ces moments merveilleux ou « je » n’étais plus là, avec la vie qui prenait le relais, des moments tellement beaux que c’est ce que je désire de tout mon être, mais je n’arrive pas à lâcher-prise, à sauter dans ce vide. Bref, j’ai l’impression d’être devant un mur que je ne pourrais jamais franchir. Beaucoup d’éveillés parle de « investiguer » sa vie, ses réactions etc . Dois-je continuer à me poser des questions « dérangeantes » pour essayer de mieux comprendre mon fonctionnement, mes croyances, peurs et autres, sachant que je suis incapable de me « voir » sans porter de jugements ?? Si tu sens de me répondre, d’avance merci.

     

    Bonjour,

    Cette peur du « vide » dont tu parles est normale. C’est cette peur qui est la cause de notre expérience en tant qu’être séparé. Cette peur, c’est ce qui maintient l’égo en place (l’égo n’étant que la croyance d’être une personne, un « moi » séparé). C’est donc cet égo qui, pour survivre, a besoin de savoir que sa vie a un sens, qu’il a une mission de vie, qu’il peut évoluer, grandir, se purifier, voire même s’éveiller. Toute l’activité mentale ne se construite qu’autour du noyau de l’égo, ce n’est qu’un amas de croyances, d’idées et de pensées crues au sujet de « moi », de la personne que l’on croit être. Et cette personne, se croyant limitée, séparée et mortelle souffre tellement, qu’elle ne peut survivre qu’en envisageant quelque chose de meilleur dans le futur. Elle a donc besoin de donner du sens (et notamment à la souffrance), de se fixer des buts, des objectifs, d’avoir une quête.
     

     Lorsque tu dis : « sans cette quête, ma vie n’aurait plus aucun moteur », c’est tout à fait ça ! Ce système mental qui tourne autour de l’égo est le moteur même de cette expérience souffrante de séparation. Alors, bien évidemment, lorsque les croyances qui maintiennent l’égo en place sont remises en question, lorsqu’elles s’effritent et qu’elles tombent, une peur profonde envahit le personnage. Ce « vide » c’est ce qui est perçu par le personnage lorsque le moteur s’arrête et c’est extrêmement douloureux pour lui. C’est comme une mort pour ce personnage. Bien sûr que c’est effrayant et ça ne saurait pas être autrement. Du coup, un tas de résistance se mettent en place, ce qui rend parfois cette expérience encore plus douloureuse.
     

    Pour toi, c’est plutôt une fuite qui survient, mais c’est aussi une forme de résistance. Mais tu sais, c’est parfait comme ça, c’est ce qui arrive, simplement et tu n’as rien à faire pour que cela soit différent. Au contraire, plus tu tenteras de faire quoi que ce soit, pire ça sera, puisque celui qui tente de faire quelque chose est le même que celui qui est en train de mourir et le laisser croire qu’il peut faire quoi que ce soit pour ça, c’est remettre le moteur en route. Si nous ne sommes pas ce personnage, comment pourrait-il alors faire quoi que ce soit ou réaliser quoi que ce soit ?

     

    Tu me dits avoir déjà vécu des moments sans ce « je », dans l’absence de « toi » et que tout ton Être désire s’éveiller et en effet, tu as raison, ce qui est en train de se faire est la volonté même de l’Être, sinon cela ne serait pas en train de se vivre. Ce qui bloque encore c’est quand tu dis : « mais je n’arrive pas à lâcher-prise, à sauter dans ce vide ». Qui pourrait faire ça ? Il reste derrière encore une croyance dans le fait que le personnage pourrait faire quelque chose comme lâcher prise ou sauter dans le vide et c’est justement ce qui le maintien encore en vie. Il se croit encore. La vrai lâcher prise c’est lâcher toute idée du personnage, tout idée de ce qu’il devrait faire ou pas, de ce qu’il pourrait faire ou pas. Tant qu’il restera une croyance ou un doute au sujet de quelque chose qui pourrait encore être fait par ce personnage, alors la réalisation de qui tu es vraiment ne pourra pas survenir.
     

    Du coup, cette sensation que tu as d’être devant un mur que tu ne pourras jamais franchir est totalement juste, car cette sensation, c’est le personnage qui l’a et il a entièrement raison. Jamais il ne pourra franchir ce mur. Je t’invite donc à te permettre de ressentir pleinement cette sensation d’impuissance car elle est la porte d’entrée royale.

     

    L’investigation peut peut-être encore se faire, mais je crois que tu as suffisamment investiguer puisque tu vois clairement ton incapacité à faire quoi que ce soit, y compris te voir sans jugements. Il n’est plus question que de reconnaître ta totale impuissance à faire quoi que ce soit. Abandonne-toi entièrement. Laisse-toi mourir à toi-même. Si certaines résistances ou certains espoirs montrent encore le bout de leur nez, très bien, accueille-les, car tant qu’il subsistera le moindre espoir la réalisation ne pourra pas être.

    Merci pour tes questions qui pourront, j’en suis sûre, en aider bien d’autres.

    Je t'embrasse

    Caroline Blanco  

     

    J'ai lu et relu son texte, et pour le moment une méga-tristesse fait régulièrement son apparition. Alors, je laisse faire, j'essaye de ne pas fuir, d’accueillir cette sensation pas du tout agréable!  Quelque part en moi, je sais que de toute façon je n'ai pas le choix... Mon personnage pleure et se débat, il ne veut pas mourir... Laissons-le faire, car la Vie sait ce qu'elle fait à travers cette forme humaine  de "Simone/Raksha"       

     

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    « La nuit noire de l'âmeBoule à zéro »
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  • Commentaires

    3
    Lundi 5 Octobre 2015 à 13:45

    Merci les amies de vos réactions....

    @ Oui Witney, la peur du vide, reconnaitre son impuissance, que l'on est rien en tant que personnage (prison des croyances, des pensées émotions...) et seulement après que le personnage a disparu, dé-couvrir le tout, l'immensité, le "sans-nom" de la Source/Dieu/Amour... peut importe le nom que l'on lui donne.. Merci d'être toujours présente ici

    @ Marie

    Merci pour ton partage. Tu m'avais déjà parler Nassrinereza une fois, et j'étais voir ses vidéos. Passionnantes, juste que ça ne correspond pas tout à fait  à ma démarche Cependant, je comprends que ces vidéos te parlent, qu'elles ont sont passionnantes, et si des lecteurs lisent notre échange, je les encourage grandement à aller sur ton lien, Merci.

     

    2
    Marie74
    Dimanche 4 Octobre 2015 à 20:06

    Bonjour Simone.

    Je te remercie pour ce partage, je me reconnais tellement dans ton questionnement. Je te laisse découvrir une personne merveilleuse qui dit autrement la même chose que Caroline, elle m'a beaucoup aidée : il s'agit de Nassrine Reza :

    https://www.youtube.com/watch?v=QN9jI6HHS-Q

    http://www.nassrinereza.com/

    Courage, bises

    Marie 74

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    1
    Dimanche 4 Octobre 2015 à 11:18

    un bel échange,

    tout à fait cela, des résistances, la peur du vide, ce saut vers l'inconnu, l’impuissance,  un mur..

    Faire confiance,  s'accepter..

    Bonne continuation

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