• Rien de ce qui arrive ne dit quelque chose de moi. Rien de ce qui arrive ne me rend meilleur ou plus éclairé ou plus éveillé ou moins.

    Tout arrive dans l'espace de ma présence. Voir les sensations passer : je ne suis pas les sensations. Voir les émotions passer : je ne suis pas les émotions. Voir les pensées passer : je ne suis pas les pensées.

    Je n'ai rien à faire, je n'ai rien à obtenir, je n'ai rien à devenir. C'est la pensée qui veut toujours changer ce qui est là, c'est la pensée qui veut toujours autre chose : une nouvelle voiture ou l'éveil, c'est la même chose – un divertissement.

    Alors, j'arrête, et je regarde. J'arrête, et je sens. J'arrête, et je suis.

    Je n'ai besoin de rien, je suis.

    Je suis.

    Tout résonne, instant après instant, de ce je suis primordial.

    Retomber dans le je suis, dans ce tambour battant, dans ce cœur de l'expérience : Je suis.

    Retourner encore et encore à ce qui sait, à ce (non-)lieu silencieux qui sait que je suis.

    Je suis.

    Et oublier. Oublier les éveils, oublier les pensées, oublier les désirs, oublier le silence. Oublier toutes ces idées sur ce que devrait, pourrait être le monde. Le laisser être dans ma présence, écho de mon être profond, manifestation de mon infinité, éclat de mon absence.

    Je n'ai nul besoin de devenir : je suis.

    Qu'est-ce qui pourrait m'affecter ? Je suis.

    Je suis.

    Au cœur de l'être, mon être.

    Au cœur du monde, ma présence.

    Je suis le cœur battant du réel, le cœur vivant de la présence.

    Je suis, tout est.

    Je suis.

    Texte: Pierre-Antoine

    Je Suis

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  • C'est maintenant que vous vivez, maintenant que vous honnêtes ou insincères, maintenant que vous suivez ce qui en vous sait ou que vous l'ignorez. C'est cela la vérité de l'instant. Ma lâcheté est la vérité de l'instant ? Alors je l'embrasse : je n'ai pas d'autre instant, pas d'autre vie que celle là, je suis trop pauvre, trop absolument dénudé pour pouvoir me permettre de rejeter quoi que ce soit.

    C'est cet instant. Non, n'hypothéquez pas cet instant à une idée d'un quelconque futur. C'est ainsi qu'on finit par avoir marché à côté de son existence sans jamais l'avoir rencontrée. Oui, c'est juste cela : rencontrer sa propre existence dans la plaine d'une attention qui ne demande rien. Dans la prairie fleurie de l'étonnement d'exister, tendre la main vers cet animal un peu sauvage, un peu effaré : nous-mêmes.

    Cet instant, oui. Tomber, sombrer, goûter, avoir peur, aimer, oui, mais vivre et être vrai. Toutes les spiritualités ne sont que des enfantillages, toutes les idées sont sans valeur, toutes les croyances vides, par rapport à l'odeur du thé, au regard d'un enfant, à la main fripée du vieil homme qui vous sourit des yeux en se laissant glisser dans son dernier sommeil.

    Cet instant, c'est notre amour, c'est notre vérité. Notre sacrifice, c'est brûler les idoles du futur auxquelles nous avons si longtemps construits des temples et des pyramides. Nous abandonnons les demains qui sont pour toujours incapables d'exister. Et nous goûtons, nous nous offrons, nous sombrons, oui, dans la vérité de l'instant, dans la vérité de nous-mêmes, qui n'est jamais ailleurs, jamais plus tard.

    Si vous voulez sauver quelque chose, tout est perdu. Si vous voulez garantir quoi que ce soit, vous sombrez en enfer. Mais prendre soin du présent, prendre soin de ce qui est là : cette sensation dans le bras, la lumière qui tombe dans le verger, l'odeur des fleurs blanches, des pivoines, le bruit des voisins qui s'éveillent : la vérité.

    Réveillez-vous. Sortez de cette transe atroce qui vous fait courir après les fantômes que votre esprit ne fait qu'imaginer. Sortez de ce mauvais rêve qui vous fait vivre partout sinon là où vous êtes. Vous n'avez qu'une seule vie, et elle est en train d'arriver maintenant. Vous ne pouvez pas sérieusement sacrifier ce qui est là à ce qui n'existe pas encore. Vous ne pouvez pas sérieusement abandonner la vérité au profit d'un possible, non. Vous n'avez pas ce luxe.

    Ce n'est jamais demain. Ce n'est jamais après. C'est ici. C'est ça. Ce n'est rien d'autre que ça. Cet instant, ce seul instant, là, ici. Arrêtez-vous donc et voyez : l'absolu est déjà sous vos pieds, la liberté est vôtre, quand vous vivez là où vous êtes, quand vous vous laissez tomber amoureux de ce qui est donné.

    Cet instant, c'est la seule vérité.

    Cet instant, c'est votre vie.

    C'est tout.

    Texte : Pierre-Antoine.

    Maintenant

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  • Sans doctrine

    Sans doctrine sur cet instant, sans doctrine sur la sensation : une vie sentie, une vie inspirée. Une vie qui fond dans l'expérience, qui laisse se détacher le mental comme un nuage dans le ciel, et qui explore ceci : la sensation de la chaise, l'odeur du thé, le bruit dans la rue. Une vie qui se laisse porter par l'instant : la spontanéité.

    Être, sans conclusions. Être à nouveau cette ouverture entière où le monde fait sa danse : ne rien tenir, ne rien obtenir – voir, être vision. Être cet espace qui ne se saisit de rien, qui ne sait ce que refuser signifie, qui n'a pas d'objectif.

    Être soi-même : être-voir.

    Ne plus tenir le monde pour acquis, ne plus tenir cet instant pour acquis. C'est cela vivre sans doctrine : c'est être éveillé, ouvert à ce qui est là. C'est ne plus prétendre savoir et donc se risquer toujours à nouveau à sentir et à être.

    C'est se laisser porter par les courants de l'existence, et ne plus croire la voix qui dit : je sais ce qui devrait arriver. Ce qui devrait arriver, c'est ce qui arrive.

    La spiritualité, au final, c'est ne plus rien savoir, ni ce qu'on est, ni ce qu'on fait, ni ce qu'on va faire, ni pourquoi.

    C'est être ce grain de poussière, porté par les courants, reflétant la lumière.

    Ignorant, merveilleusement ignorant.


    Texte : Pierre-Antoine

    Sans docterine

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